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La mise en spectacle du parkour

Dans cet article, je veux m’intéresser à la mise en spectacle du parkour par des acteurs qui ne sont pas eux-mêmes des pratiquants. Certes, on connait bien la mise en spectacle par les pratiquant.e.s eux-mêmes. Cette mise en spectacle a toujours posé des questions, notamment parce qu’il y a une tension entre les aspects viraux qui font que le parkour se diffuse (penser à l’image donnée du parkour dans les films qui l’ont diffusé dans le monde) et des aspects plus terre à terre qui font que le parkour peut être enseigné et pratiqué en sécurité, est toléré par les habitants, est considéré comme une activité légitime, etc.

Cependant, à mon avis le problème prend une ampleur différente et pose de nouvelles questions dès lors qu’il s’agit d’une mise en spectacle par des acteurs externes. Tandis que les traceurs.euses doivent se débrouiller avec l’image qu’ils donnent eux-mêmes de la discipline, des acteurs externes ont une responsabilité relativement faible, peuvent aisément se désolidariser de la discipline le cas échant, et ne sont jamais confrontés à la question de la transmission et de l’enseignement de la discipline. […]

Psychologie de l’attention, phénoménologie et féminisme

Dans un précèdent article, j’ai mentionné que la focalisation interne (sur le corps, le mouvement, la technique) est généralement moins bénéfique pour l’apprentissage et la performance que la focalisation externe (sur les résultats de l’action ou des indices perceptibles dans l’environnement). L’effet n’est pas négligeable, et existe pour des paramètres aussi divers que l’endurance, la force, la consommation d’oxygène, la vitesse, la distance de saut ou la stabilité du mouvement face au stress. Autrement dit, au lieu de dire à un.e pratiquant.e « plies tes genoux à 90° en atterrissant », on devrait lui dire « essaies de faire le moins de bruit possible ».

Cela peut paraître étonnant lorsque l’on est habitué aux conceptions traditionnelles du contrôle et de l’apprentissage moteur. Ces conceptions ont en effet tendance à mettre l’accent sur le fait d’améliorer les représentations internes du mouvement. Il faut que le/la pratiquant.e sache explicitement comment se positionner, quels mouvements faire, dans quel ordre, etc. Mais regarder ce phénomène au travers d’autres approches théoriques peut le faire sembler tout à fait naturel et évident. […]

Manifeste pour que le parkour reste une alternative

Le parkour est une discipline en pleine sportification : développement d’institutions en dehors et au-dessus du jeu ; commercialisation ; mise en compétition ; quantification de la performance ; régulation ; standardisation ; création de lieux de pratique artificiels, fonctionnellement dédiés séparés des espaces du quotidien ; abstraction et codification des techniques corporelles, développement de formations spécifiques, autonomisation du jeu par rapport aux origines utilitaires du parkour…

Ce manifeste veut revendiquer un autre parkour. Pas nécessairement celui des « origines », mais celui qui est cher à nos yeux, qui a transformé nos vies et a le potentiel de transformer celles d’autrui. Celui qui est vécu comme une alternative au modèle sportif dominant. Celui qui nous parait unique. Celui qui nous fait dire : le parkour n’est pas, et ne deviendra jamais comme les autres sports. Et pourtant…

Le but n’est pas de rallier tout le monde, mais de réaffirmer la pratique en laquelle on croit. Libre aux autres de suivre un autre chemin. […]

RAPortage 4 – Extrême gravité



Hier avait lieu à La Vilette
le travestissement du parkour fait sous la forme d’une compèt’,
à l’origine il n’y a que de soi qu’on va à la conquête,
pas du public, et du fric, et du titre que les jurys te remettent,
mais hélas hier c’était l’objet,
et le clou d’un spectacle faisant le culte du sujet,
la pratique en débâcle tandis que trois imposteurs jugeaient
les performances des mecs parce qu’il fallait bien qu’il y ait échecs et succès,
et le présentateur qui suçait
les soit-disant traceurs -car ça n’en est pas, mais ça tu le sais !-,
les qualifiant de super-héros à plusieurs reprises,
si Spiderman l’entendait, gros, il trouverait à juste titre qu’on le méprise,
devant une foule infantilisée
qu’on mobilisait sans cesse avec moult débilités,
on frisait le pire de ce qu’ils diffusent sur l’écran télévisé,
pas à rougir devant Nabila et « Les Anges de la télé-réalité » !
En réalité, c’était peut-être pire:
des demoiselles dénudées dansant sur du son à s’occire,
une mise en scène, oui, mais hélas c’était pas du Shakespeare,
les conneries qu’ils ont dit on pollué jusqu’à l’air que je respire !
« Je vous rappelle qu’on se bat pour une place, pour être le champion officiel ! »,
moi je vois ça comme une farce, comme une farce gravitationnelle :
les types volaient, c’est sûr, mais ils volaient le nom d’une pratique
pour l’offrir en pâture à toutes les raclures des infrastructures médiatiques !
Que de show, de m’as-tu-vus, que d’égos,
que d’athlètes mendiant les applaudissements pour lancer les sauts,
que de volonté mise pour montrer qu’on est pas tous égaux,
que d’imbécilité suscitée, ô combien c’était sot !
Le parkour décliné en divertissement abrutissant,
confiné entre des barrières et des vigiles oppressants,
avec tracé et mouvements imposés aux participants,
que reste-t-il de subversif dans ce parkour conjugué au présent ?
On pressent déjà l’avenir formidable
réservé à tout art dans la mesure où il devient rentable,
lorsque Redbull notamment vient s’inviter à la table,
voit son logo apparaissant sur les structures modulables,
envahissant l’évènement de sa boisson exécrable,
censée donner aux participants une puissance remarquable,
entre sexisme odrinaire, et runs médiocres, voire minables,
Xtreme Gravity hier c’était la preuve que la récupération est interminable !

De l’album RAPortages, paru le 21 décembre 2014 (L’1consolable / Teddy Roxpin)
Mixé et masterisé par L’1consolable chez lui à Paris.
© Tous droits réservés

Lines

Dans cette vidéo (réalisée en Février2015) j’ai décidé de travailler sur les lignes de l’environnement urbain. En me concentrant sur les cadrages,  le côté graphique, les plans de face, la perspective, la symétrie ou les formes géométriques…
Observer ce qui m’entoure de cette manière fut très interessant et enrichissant. notamment dans des lieux qui me sont familiers mais que je n’avais jamais pris le temps de réelement contempler.

Certains mouvements sont justement nés de cette recherche graphique, de ce concept. Il m’arrivait de trouvé un cadrage qui me plaisait, puis de réfléchir aux mouvements qui pourraient s’y adapter, alors que nous procédons généralement dans le sens inverse.

Cela m’a permis de développer autrement ma créativité.

J’ai aussi composé la musique de cette vidéo ( à partir d’une mélodie réalisée auparavant avec Inès Othmani ).  Afin que le son corresponde vraiment au rythme des mouvements, à l’atmosphère, et aux émotions que je voulais transmettre.

Même si le Parkour transforme notre perception de l’environnement, ce projet m’a poussé à aller encore plus loin. En m’éloignant de l’idée de vitesse, de performance, pour simplement prendre le temps de regarder attentivement ce qui m’entoure.

On peut retrouver la musique ici :

S’entraîner au Parkour ?

S’entraîner au Parkour c’est quoi ?
Il y a l’apprentissage d’un répertoire technique. La maitrise de son corps et la compréhension du mouvement. Un développement physique et mental.
Être capable de se déplacer à toutes vitesses, dans tous types d’environnement, de manière sure et contrôlée. Être capable de faire face à toutes sortes d’obstacles, savoir ce que l’on est capable de faire ou pas.
Découvrir la notion de fluidité sur des mouvements et des enchaînements. Apprendre à bien se réceptionner après un saut en hauteur, en longueur, de travers, avec ou sans élan, avec une maitrise de la roulade. Apprendre à doser un saut, pousser plus ou moins fort et dans la bonne trajectoire pour un amorti léger, précis et équilibré.
S’entraîner à passer partout, prendre appuis sur un mur et se hisser au dessus, des murs de toutes tailles, avec tous types de revêtements. Être capable de grimper dans un arbre, sauter sur un tronc, une branche, une barrière, un poteau, marcher en équilibre sur une barrière, faire un tour sur sois même, se déplacer suspendu par les bras…
Faire un tic-tac, un passe muraille, un retour, un saut de fond, un saut de chat classique, plongé, inversé, intégral, un lazy-vault de face, de coté, un speed-vault, un passage glissé, un passage espagnol, une simple roulade, avant, arrière, de coté, plongée… Il existe une infinité de techniques à découvrir, à créer sur mesure…
S’aventurer dans toutes sortes de parcours et viser le « sans fautes » pour apprendre à se fixer des objectifs réalisables du premier coup.
[…]

La compétition et le parkour

Ce texte s’intéresse à la question de la compétition en parkour, vise à clarifier la position « anti-compétition », à poser et critiquer des arguments fréquents, cela dans le but d’établir des bases afin de pouvoir élever le débat.

Commençons par relever 3 éléments, une fois pour toutes :

  1. Nous ne craignons pas pour notre pratique individuelle. Nous savons très bien que personne ne va nous forcer à faire de la compétition. Nous savons que, a priori, une pratique alternative est possible, même sous un modèle dominant (n’est-ce pas ce qu’est déjà le parkour, par rapport au monde sportif « traditionnel » ?).
  2. Nous ne sommes pas là pour imposer par la force notre modèle. Personne de sensé ne parle d’interdire la compétition. Néanmoins, nous considérons que le modèle non compétitif comme meilleur, et voulons donc le privilégier, en exposant de manière discursive les désavantages du modèle compétitif mais surtout en ne faisant pas la promotion des valeurs compétitives dans notre pratique personnelle (on pense ici principalement aux interactions avec les débutants ou le public, que ce soit entre amis, au sein d’une association, à travers les médias, etc.).
[…]

À propos de la non-mixité dans le milieu du parkour : constats, questionnements et perspectives

Pour commencer cet article, j’aimerais contextualiser un peu : qu’est-ce qu‘on entend ici par non-mixité ? Ce dont on parle ici, c’est de non-mixité politique, pas simplement de non-mixité comme on en trouve dans les toilettes publiques. Bien entendu, la non-mixité n’est pas spécifique au milieu du parkour : on la retrouve historiquement dans beaucoup de milieux militants. Elle consiste simplement en une pratique partagée par un groupe social, généralement oppressé ou en conflit avec un autre, qui cherche à créer des espaces spécifiques de discussion, d‘activité, de vie, etc., en n’étant pas en présence de l’autre groupe. Dans le cas qui nous intéresse, on parlera spécifiquement de la non-mixité de genre. Cette pratique féministe découle du constat que notre société est fortement genrée et patriarcale : les rôles sociaux sont, implicitement ou non, attribués dès la naissance, et toute une gamme d’activités et de places dans la société sont réservées presque exclusivement aux filles ou aux mecs. […]

Mais pourquoi ils font ça ?!

Introduction

Lorsqu’on m’a proposé d’écrire un article pour Urban Culture et pour la FPK, j’ai été bien chaud jusqu’à ce que vienne le moment de prendre la plume: qu’allais-je donc bien pouvoir écrire? Il me semblait que tous les sujets intéressants avaient déjà été choisis. Et si c’était pour rédiger des banalités dites et redites, autant m’abstenir. Je me suis donc abstenu – dans un premier temps. L’idée m’est ensuite venue d’utiliser un joker. J’ai donc fait appel à l’une de mes sœurs et à ma mère, toutes deux parfaites incultes en la matière, et leur ai demandé quelle était la première question qui leur venait à l’esprit lorsqu’on leur parlait du parkour. La réponse ne s’est pas faite attendre, elles ont répondu toutes deux dans un unisson quasi-symphonique, l’une « à quoi ça sert?« , et l’autre « quel est l’intérêt« .

Hum. Passés le terrible choc et la profonde désillusion liée à une telle incompréhension de la part de ma propre famille, je me suis dit que je tenais peut-être une idée à creuser. […]

Le Parkour, la vie.

Bien que l’activité soit en plein boom, le terme de « parkour » (ou de « traceur », le pratiquant de parkour) ne parle pas encore à tout le monde. Wikipédia parle d’une « activité physique qui vise à un déplacement libre et efficace dans tous types d’environnements, et en particulier hors des voies de passage préétablies ». La fédération de parkour décrit une « activité physique consistant à se déplacer efficacement grâce à ses seules capacités motrices, dans différents types d’environnements ». On entend souvent que c’est « l’art de se déplacer d’un point A à un point B de la manière la plus efficace possible ». Souvent, le stéréotype classique se représente des « jeunes casse-cous qui grimpent, courent et sautent partout, en particulier en faisant des saltos d’immeuble en immeuble ».

J’y vois quant-à moi un objet bien plus simple et bien plus large. Le parkour commence dès lors que confronté à un obstacle menaçant votre avancée, vous choisissez de ne pas faire demi-tour – du moins, pas d’office. […]