Hier avait lieu à La Vilette
le travestissement du parkour fait sous la forme d’une compèt’,
à l’origine il n’y a que de soi qu’on va à la conquête,
pas du public, et du fric, et du titre que les jurys te remettent,
mais hélas hier c’était l’objet,
et le clou d’un spectacle faisant le culte du sujet,
la pratique en débâcle tandis que trois imposteurs jugeaient
les performances des mecs parce qu’il fallait bien qu’il y ait échecs et succès,
et le présentateur qui suçait
les soit-disant traceurs -car ça n’en est pas, mais ça tu le sais !-,
les qualifiant de super-héros à plusieurs reprises,
si Spiderman l’entendait, gros, il trouverait à juste titre qu’on le méprise,
devant une foule infantilisée
qu’on mobilisait sans cesse avec moult débilités,
on frisait le pire de ce qu’ils diffusent sur l’écran télévisé,
pas à rougir devant Nabila et « Les Anges de la télé-réalité » !
En réalité, c’était peut-être pire:
des demoiselles dénudées dansant sur du son à s’occire,
une mise en scène, oui, mais hélas c’était pas du Shakespeare,
les conneries qu’ils ont dit on pollué jusqu’à l’air que je respire !
« Je vous rappelle qu’on se bat pour une place, pour être le champion officiel ! »,
moi je vois ça comme une farce, comme une farce gravitationnelle :
les types volaient, c’est sûr, mais ils volaient le nom d’une pratique
pour l’offrir en pâture à toutes les raclures des infrastructures médiatiques !
Que de show, de m’as-tu-vus, que d’égos,
que d’athlètes mendiant les applaudissements pour lancer les sauts,
que de volonté mise pour montrer qu’on est pas tous égaux,
que d’imbécilité suscitée, ô combien c’était sot !
Le parkour décliné en divertissement abrutissant,
confiné entre des barrières et des vigiles oppressants,
avec tracé et mouvements imposés aux participants,
que reste-t-il de subversif dans ce parkour conjugué au présent ?
On pressent déjà l’avenir formidable
réservé à tout art dans la mesure où il devient rentable,
lorsque Redbull notamment vient s’inviter à la table,
voit son logo apparaissant sur les structures modulables,
envahissant l’évènement de sa boisson exécrable,
censée donner aux participants une puissance remarquable,
entre sexisme odrinaire, et runs médiocres, voire minables,
Xtreme Gravity hier c’était la preuve que la récupération est interminable !
De l’album RAPortages, paru le 21 décembre 2014 (L’1consolable / Teddy Roxpin)
Mixé et masterisé par L’1consolable chez lui à Paris.
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