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Lettre ouverte au Fonds du sport vaudois

Madame, Monsieur,

En tant que président de la fédération suisse de parkour (SPKA), et pratiquant vaudois, je constate un conflit entre le Fonds du sport Vaudois et le parkour.

En effet, c'est la seconde fois que des membres de SPKA me font part de pressions pour rejoindre l'association cantonale de gymnastique de la part du FSV. L'argument est que l'aide du FSV est soumise à la condition que le parkour soit une discipline reconnue par Swiss Olympic, ce qui n'est pas le cas.

A l'un de nos membres, vous affirmez avoir "élargi nos critères aux sports reconnus par Jeunesse et Sport", et pourtant exigez qu'ils soient membres de l'association vaudoise de gymnastique. Il me semble qu'il y a ici une incohérence patente. En effet, si Swiss Olympic ne reconnait pas le parkour, cela reste vrai pour la FSG. De plus, c'est SPKA, et non la FSG qui est en charge du J+S parkour, en vertu de notre contrat avec l'OFSPO. J'avoue avoir du mal à comprendre pourquoi dans ce cas l'élargissement aux sports reconnus par J+S profite de facto à une organisation tierce.

Vous affirmez également que "le parkour une discipline de la gymnastique (selon la fédération suisse de gymnastique". Il me semble dommageable de créer un tel précédent, où une simple affirmation de ce genre suffit à la plus grande association sportive suisse de s'approprier une discipline que d'autres ont patiemment construite, sur plus de deux décennies pour ce qui concerne le parkour en Suisse. Vous renforcez l'impression, à mon sens justifiée, que les institutions sportives sont antidémocratiques et donnent un quasi-monopole aux plus grandes organisations aux dépens des sports en cours de développement.

Vous placez donc nos membres devant un choix entre l'adhésion à la fédération qui représente leur discipline, et l'adhésion cynique à celle qui leur permet d'obtenir une subvention, quitte à terminer cette affiliation après un an. Payer des cotisations aux deux organisations place les associations dans une situation financière peu avantageuse. Si ces associations font appel au FSV, c’est pourtant qu’ils ont besoin d’aide.

Mais évidemment cette adhésion a également un coût politique important. Si l’enjeu est d’obtenir pour le parkour une reconnaissance de Swiss Olympic, notre tâche n’est pas facilitée lorsque les reconnaissances sont systématiquement données à des organisations tierces au motif qu’elles sont connues ou qu’elles étaient là avant nous. Faire pression pour que des organisations membres d'une petite fédération rejoignent la plus grande association sportive suisse ne me semble pas souhaitable si l’on veut permettre aux nouvelles disciplines de se développer de manière autonome, en préservant leur culture propre et leur potentiel d’innovation, et en respectant la volonté et la capacité de s’organiser par eux-mêmes des pratiquants, enseignants, entrepreneurs et responsables d’associations.

Etant donné les arguments cités ci-dessus, il semblerait que créer une association vaudoise de parkour pourrait permettre 1) aux associations d’obtenir les subventions nécessaires au développement de leurs activités 2) avec une application cohérente des critères élargis cités ci-dessus et 3) dans le respect du développement autonome des petites fédérations et disciplines en cours de sportification. Vous pouvez sans doute m’éclairer si cette solution serait satisfaisante de votre point de vue.

Je vous prie donc de réexaminer les critères d’obtention des subventions, et je me tiens à votre disposition pour trouver des solutions qui seraient profitables à tous et toutes.

Cordialement,

Yann Daout

Président SPKA