Catégorie : <span>Sciences sociales</span>

Interdire le dopage génétique, est-ce éthique ?

Récemment, l’agence mondiale antidopage (AMA) a publié la mise à jour de son code, applicable dès 2018[1]. Le dopage génétique y était déjà présent depuis 2003, en tant qu’éventualité, mais ce nouveau code compte maintenant une interdiction très spécifique de  « l’utilisation d’agents d’édition génomique conçus pour modifier les séquences génomiques et/ou la régulation transcriptionnelle ou épigénétique de l’expression des gènes ». Ceci fait également suite au développement de techniques de génie génétique prometteuses, telles que celle utilisant le fameux système CRISPR-Cas9. Pour le dire vite, la nouvelle règle de l’AMA interdit les techniques visant à supprimer ou ajouter des séquences d’ADN dans le code génétique, de même que celles permettant de désactiver ou d’activer des gènes spécifiques.

On peut trouver ça souhaitable, surtout lorsque l’on songe aux dommages que pourrait causer une prolifération sauvage de technologies modifiant génétiquement les humains, avec les risques sanitaires mais également normatifs (être modifié se normalise, et peut devenir une exigence pour mener une vie sociale ou professionnelle normale) auxquels on peut penser. […]

Parkour, sémiotique et perception des espaces urbains

En pratiquant la danse et la chorégraphie, je puisais de l’inspiration dans mon environnement. J’utilisais les sensations que je ressentais, les formes, les couleurs, les textures comme stimuli pour créer du mouvement. En commençant à pratiquer le parkour, la façon dont je percevais l’environnement et le comprenais s’est développée très rapidement et de façon inattendue. En effet, des espaces que je négligeais ou qui n’avaient aucune valeur particulière pour moi sont devenu des endroits de valeur (positive ou négative) qui m’offraient des possibilités de mouvement. De cette constatation, j’ai décidé d’explorer la façon dont le mouvement de danseurs et de traceurs est inspiré par l’environnement, en quoi ce mouvement influence la compréhension de la ville par les danseurs et traceurs, mais également pour les passants qui en sont témoins. J’ai demandé à des danseurs et des traceurs d’investir certains espaces urbains et j’ai photographié leurs différentes réactions a ceux-ci. Ce projet sous forme d’installation photographique et de document explicatif fut présenté en 2016 au Laban Conservatoire for Contemporary Dance. […]

Philosophie et pratique sportive

A la suite de Pierre Hadot et de Michel Foucault, la philosophie antique peut être conçue comme exercice spirituel, c’est-à-dire comme une “discipline dont l’enjeu est de transformer la manière de vivre, d’appréhender le monde”[1]. Il s’agissait indissociablement d’un discours et d’une mise en œuvre pratique, y compris corporelle. Or le discours et la pratique, l’intellect et le corps sont aujourd’hui le plus souvent séparés et même régulièrement montés en opposition. Dans le milieu scolaire par exemple, le sport est souvent perçu comme une perte de temps, limitant les activités intellectuelles. On argumentera ici au contraire le besoin d’une unité. Or, il me semble que l’on peut s’inspirer de la philosophie antique pour penser une telle unité et concevoir un mode de vie philosophique (ou une philosophie comme art de vivre) adapté à notre époque. Comment doit-on alors y penser la place du sport ?

Dans le langage courant, le mot sport est utilisé de manière peu spécifique, regroupant les jeux antiques et modernes, les pratiques physiques, qu’elles soient hygiéniques, compétitives, ludiques ou d’entrainement.

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Parkour : l’art de subvertir le rapport à l’espace public

« Pas plus que la démocratie, l’espace public n’est quelque chose de naturel et qui va de soi. » Hugues Bazin

Prologue : Au cœur de l’exercice définitionnel

Parkour (ou « art du déplacement ») : pratique sportive consistant à se déplacer d’un point A à un point B, et ce en recherchant avant tout l’efficacité dans le franchissement des obstacles. Cette efficacité combine la rapidité, l’économie d’énergie et la prudence. Le Parkour se pratique aussi bien en milieu naturel qu’en milieu urbain, c’est ensuite au traceur(1) d’imaginer le chemin qu’il va suivre, quels obstacles il va franchir et cela en fonction de ses capacités.

Telle est la définition que l’encyclopédie en ligne Wikipédia donne du Parkour. Le terme ne figure à ce jour dans aucun dictionnaire, bien que la pratique qu’il désigne existe vraisemblablement depuis une vingtaine d’années. Et si l’exercice définitionnel n’a jamais cessé de faire débat au sein de la communauté des traceurs, les « puristes » n’admettront aucune extension à une telle définition, principalement, semble-t-il, par souci de fidélité envers la philosophie à l’origine de cette pratique (aspect philosophique hélas exclu de la définition ci-dessus, qui ne fait état que d’une « pratique sportive », quand il s’agit, à mon sens, davantage d’une pratique philosophique, où il est fait un usage qu’on pourrait considérer comme « sportif » du corps humain). […]