Catégorie : <span>Politique</span>

Le cas de FederSwiss – III

En analysant les cas de IPF et IPTC, j’ai montré plein de détails étranges. Mais pris isolément, ces détails ne suggèrent pas grand chose, ce sont peut-être des erreurs, des imprécisions, l’excès de zèle d’un individu isolé. C’est pris ensemble que ces éléments peuvent faire office de preuve. Ce que je suggère de faire ici, c’est de décortiquer le cas d’une organisation en particulier, FederSwiss. La somme des problèmes que je vais révéler ci-dessous devrait vous convaincre, si ce n’est pas encore le cas, qu’il y a bien quelque chose d’étrange qui se trame derrière IPF, IPTC et toutes les organisations dont ils s’entourent. […]

IPTC et les organisations fantômes – II

Récemment, on m’a signalé que IPF liste parmi ses partenaires FederSwiss, une organisation suisse de handisport. Mieux, IPF a émis une licence reconnaissant FederSwiss comme l’organe national de gouvernance pour le Parkour en Suisse. J’ai immédiatement trouvé cela étrange : pourquoi pas une organisation spécifique à la discipline, qu’elle soit déjà active ou créée dans ce but ? De plus, je n’avais jamais entendu parler de FederSwiss. Quelles sont ses activités ? s’est-elle déjà rapprochée de pratiquants du parkour dans la région ? La prochaine partie sera dédiée spécifiquement à FederSwiss, mais ce qui m’intéresse ici c’est le réseau d’organisations et d’individus dont font partie IPF et FederSwiss. En effet, les deux organisations sont très fières de leur réseau, et comme je le montrerai, il y a beaucoup d’éléments suspects. […]

Qu’est-ce qui ce cache derrière IPF/WFPF ? – I

L’International Parkour Federation (IPF) n’a jamais été au-dessus de tout soupçon. On pouvait déjà évoquer de potentiels conflits d’intérêts entre IPF et la World Freerunning and Parkour Federation (WFPF). Mais récemment, IPF s’est entourée de plusieurs partenaires, en Suisse, Italie et Malte, leur donnant des certificats les reconnaissant comme étant les organes nationaux de gouvernance du parkour. Ceci a mis en évidence un certain nombre de bizarreries : du contenu de site web copié-collé ; des docteurs qui n’en sont pas ; des bâtiments qui n’existent pas ; des individus siégeant dans le comité de dizaines d’organisations sans activité apparente ; des certificats internationaux qui ne sont reconnus par personne… La liste est longue, va bien au-delà de ce qu’on pouvait soupçonner, et ne concerne pas seulement le parkour mais des dizaines de disciplines.

Cette enquête sera divisée en trois parties : une première contextualisant WFPF et IPF pour celleux qui ne connaissent pas ces organisations ; une seconde analysant le curieux réseau qui se tisse autour de IPF ; une troisième se focalisant sur le cas particulier d’une de ces organisations, FederSwiss. […]

La mise en spectacle du parkour

Dans cet article, je veux m’intéresser à la mise en spectacle du parkour par des acteurs qui ne sont pas eux-mêmes des pratiquants. Certes, on connait bien la mise en spectacle par les pratiquant.e.s eux-mêmes. Cette mise en spectacle a toujours posé des questions, notamment parce qu’il y a une tension entre les aspects viraux qui font que le parkour se diffuse (penser à l’image donnée du parkour dans les films qui l’ont diffusé dans le monde) et des aspects plus terre à terre qui font que le parkour peut être enseigné et pratiqué en sécurité, est toléré par les habitants, est considéré comme une activité légitime, etc.

Cependant, à mon avis le problème prend une ampleur différente et pose de nouvelles questions dès lors qu’il s’agit d’une mise en spectacle par des acteurs externes. Tandis que les traceurs.euses doivent se débrouiller avec l’image qu’ils donnent eux-mêmes de la discipline, des acteurs externes ont une responsabilité relativement faible, peuvent aisément se désolidariser de la discipline le cas échant, et ne sont jamais confrontés à la question de la transmission et de l’enseignement de la discipline. […]

Psychologie de l’attention, phénoménologie et féminisme

Dans un précèdent article, j’ai mentionné que la focalisation interne (sur le corps, le mouvement, la technique) est généralement moins bénéfique pour l’apprentissage et la performance que la focalisation externe (sur les résultats de l’action ou des indices perceptibles dans l’environnement). L’effet n’est pas négligeable, et existe pour des paramètres aussi divers que l’endurance, la force, la consommation d’oxygène, la vitesse, la distance de saut ou la stabilité du mouvement face au stress. Autrement dit, au lieu de dire à un.e pratiquant.e « plies tes genoux à 90° en atterrissant », on devrait lui dire « essaies de faire le moins de bruit possible ».

Cela peut paraître étonnant lorsque l’on est habitué aux conceptions traditionnelles du contrôle et de l’apprentissage moteur. Ces conceptions ont en effet tendance à mettre l’accent sur le fait d’améliorer les représentations internes du mouvement. Il faut que le/la pratiquant.e sache explicitement comment se positionner, quels mouvements faire, dans quel ordre, etc. Mais regarder ce phénomène au travers d’autres approches théoriques peut le faire sembler tout à fait naturel et évident. […]

Brotherhood Spirit: une critique

Brotherhood Spirit est le premier long métrage réalisé par Yoann Roig. Et disons-le tout de suite, c’est une première création réussie. Les images sont magnifiques, les plans s’enchaînent fluidement et de manière cohérente. On retiendra notamment une série de « runs » à Mexico City, entre forêt et ruines. Placés immédiatement après un paysage urbain, le contraste est intéressant et donne une atmosphère sauvage. Celle-ci est renforcée par l’utilisation d’une musique tribale et l’entrelacement du parkour avec des séquences de danse. On pourra noter également quelques passages amusants, comme ce traceur qui, entré dans un fort militaire abandonné sans s’être posé de questions, ne parvient plus à en sortir. Le film a aussi eu le mérite de redonner un élan de motivation aux traceurs.euses de la région, leur a “donné envie de bouger”.

On notera également le tour de force qui est de réaliser un documentaire avec si peu de personnel, et probablement de moyens. Seules deux personnes viennent prêter main-forte à Yoann en post-production (sans compter les voix-off). […]

Manifeste pour que le parkour reste une alternative

Le parkour est une discipline en pleine sportification : développement d’institutions en dehors et au-dessus du jeu ; commercialisation ; mise en compétition ; quantification de la performance ; régulation ; standardisation ; création de lieux de pratique artificiels, fonctionnellement dédiés séparés des espaces du quotidien ; abstraction et codification des techniques corporelles, développement de formations spécifiques, autonomisation du jeu par rapport aux origines utilitaires du parkour…

Ce manifeste veut revendiquer un autre parkour. Pas nécessairement celui des « origines », mais celui qui est cher à nos yeux, qui a transformé nos vies et a le potentiel de transformer celles d’autrui. Celui qui est vécu comme une alternative au modèle sportif dominant. Celui qui nous parait unique. Celui qui nous fait dire : le parkour n’est pas, et ne deviendra jamais comme les autres sports. Et pourtant…

Le but n’est pas de rallier tout le monde, mais de réaffirmer la pratique en laquelle on croit. Libre aux autres de suivre un autre chemin. […]

À propos de la non-mixité dans le milieu du parkour : constats, questionnements et perspectives

Pour commencer cet article, j’aimerais contextualiser un peu : qu’est-ce qu‘on entend ici par non-mixité ? Ce dont on parle ici, c’est de non-mixité politique, pas simplement de non-mixité comme on en trouve dans les toilettes publiques. Bien entendu, la non-mixité n’est pas spécifique au milieu du parkour : on la retrouve historiquement dans beaucoup de milieux militants. Elle consiste simplement en une pratique partagée par un groupe social, généralement oppressé ou en conflit avec un autre, qui cherche à créer des espaces spécifiques de discussion, d‘activité, de vie, etc., en n’étant pas en présence de l’autre groupe. Dans le cas qui nous intéresse, on parlera spécifiquement de la non-mixité de genre. Cette pratique féministe découle du constat que notre société est fortement genrée et patriarcale : les rôles sociaux sont, implicitement ou non, attribués dès la naissance, et toute une gamme d’activités et de places dans la société sont réservées presque exclusivement aux filles ou aux mecs. […]

5 bonnes raisons de ne jamais participer à aucune compétition de parkour ou de freerunning

« Le parkour est une discipline non-compétitive. » (Hebertiste and TK17)

« Pas de groupe, pas de chef, pas de compétition; juste une voie. » (Sébastien Foucan)

« Le côté martial, c’est la confrontation avec les obstacles. Dans les arts martiaux, t’es obligé de faire mal ou de battre quelqu’un pour savoir que t’es fort. Alors que là [dans le parkour], c’est juste la rencontre entre toi et l’obstacle. C’est toi contre toi-même. » (David Belle)

« Le parkour est un outil qui peut être utilisé pour faire tant de bonnes choses. C’est [important] que les gens en prennent conscience avant qu’il ne soit trop tard et que le parkour ne devienne quelque chose de strictement physique et ne soit réduit au statut de compétition, ou à un moyen de faire de l’argent, et que le message ne soit perdu. » (Daniel Ilabaca)

« Competition pushes people to fight against others for the satisfaction of a crowd and/or the benefits of a few business people by changing its mindset. […]

Fiche-expérimentation: pratiques créatives des espaces

Outillage conceptuel:

1.espace: étendue. Contrairement au lieu, qui est un point figé dans la géométrie spatiale, un endroit désigné, indiqué, limité, circonscrit, l’espace, lui, est mobile, friable, modifiable, habitable, déplaçable. On peut le faire surgir, l’investir, le ré-agencer, le changer. Bref, l’espace est étendue, et l’étendue est mouvement.Et c’est en comprenant cela qu’on en comprend la dimension politique. Finalement, un lieu est un lieu, il est ce qu’il est; mais l’espace, lui, est ce qu’on en fait. Et c’est cela qui en fait l’intérêt. Car si l’espace est mouvement, on peut non seulement y bouger, mais aussi le bouger, le faire bouger. L’espace est en quelque sorte ouvert à toute proposition. Encore faut-il proposer quelque chose.

2.espace public: ensemble des espaces de passage et de rassemblement qui sont à l’usage de tous, l’espace public a pour vocation « d’être le forum où s’expose un problème qui interroge la collectivité ». C’est un espace d’expression et d’échanges entre les individus, espace dans lequel la public-ité (au sens étymologique du terme (état de ce qui est rendu public)) venait originellement créer l’espace de l’agir politique. […]